A première vue, ils se détestent. Dès qu’ils se croisent, c’est électrique. Ils se provoquent, s’insultent et parfois se crient dessus. Ils ne peuvent pas passer l’un à côté de l’autre sans un regard de meurtrier ou un sourire moqueur. Il peut même leur arriver d’en venir aux mains. Cela se fait néanmoins de plus en plus rare, sans doute parce qu’ils grandissent. Mais si Yan est constamment sur son dos, ce n’est pas seulement pour le plaisir de lui pourrir la vie et de le rabaisser, c’est aussi parce qu’il s’inquiète pour lui. Il essaye de l’aider mais dans l’ombre bien sur, il ne veut absolument pas que Liang se rende compte qu’il tient à lui. Yan peut être un véritable stalker, et c’est ce qui lui permet de le sauver de beaucoup pétrins. Liang ne supporte pas que Yan soit ainsi avec lui. Il déteste que ce dernier vienne lui sauver la vie. Il ne comprend pas son comportement de faux grand frère. D’abord parce qu’il est plus jeune, ensuite parce qu’ils ne sont pas frères pour lui et qu’il ne lui doit rien. Un jour il l’insulte, l’autre il le sauve et parfois il fait les deux en même temps. Vraiment, Liang a du mal à le suivre et cela l’énerve au plus haut point, voir de plus en plus. Pourtant au fond, cela touche Liang. Mais chut, c’est un secret. Ils s’aiment plus qu’ils ne le croient. Ils sont frères pour de vrai dans leurs cœurs.

Malgré la richesse évidente de ses parents, Yan est loin d’être un garçon pourri gâté. Il lui a été enseigné très tôt la valeur de l’argent et la nécessité de travailler pour le mériter. Chaque excellente note était autrefois récompensée d’une pièce ou d’un billet. Cela lui donnait envie de se donner à fond, même s’il n’avait et n’a toujours pas besoin de ça. Yan est intelligent, très intelligent. Il n’a jamais eu de problème en cours. Il frôle la perfection et aurait pu sauter plusieurs classes ce que ses parents ont refusé à chaque fois. Il est leur fierté, et ils le poussent énormément. Il a beaucoup de pressions sur ses épaules. Ses géniteurs rêvent de le voir chirurgien. D’ailleurs, c’est un peu plus leur rêve que le sien.
Lorsque Liang est arrivé chez eux, Yan avait tout juste treize ans et n’eut pourtant aucun mal à comprendre la situation délicate dans laquelle sa famille se retrouvait. Et surtout, il le haïssait. Il le prenait pour fautif de toute la tristesse de sa mère. Il ne supportait pas de la voir pleurer tous les soirs ou se retenir en face de Liang lors des repas. C’est pourquoi il n’hésitait pas à le remettre à sa place, lui rappelant qu’il n’est qu’une pièce rapportée, le rabaissant en le traitant d’incapable, etc. Il le fait toujours d’ailleurs.

Sauf que depuis les nombreuses et sales histoires de Liang, il s’intéresse à lui. Loin d’être idiot, il perçoit le mal-être de son demi-frère mais aussi celui de son père déchiré entre sa famille et Liang mais surtout malheureux de voir ce dernier sombrer. C’est pourquoi il s’est doté tout seul d’une mission, celle de garder un œil sur lui. Il est pourtant plus jeune, mais dans le fond c’est lui qui a l’âme du grand frère protecteur. Il veille sur Liang et l’a déjà sorti à plusieurs reprises d’affaires douteuses ou même dangereuses. Son père lui en est d’ailleurs reconnaissant.

Bien évidemment, il cache ses bonnes intentions en continuant de se disputer avec lui, en le rabaissant sans cesse et en l’humiliant dès qu’il le peut. Il est ainsi tout le temps sur son dos, que ce soit pour l’insulter ou pour le surveiller.